Dieu choisit toujours la vie, par des chemins connus de lui seul.

11 Août 2011 , Rédigé par csvp Publié dans #Spiritualité

En ce temps-là, Hérode, prince de Galilée, apprit la renommée de Jésus et dit à ses serviteurs : « Cet homme, c'est Jean le Baptiste, il est ressuscité d'entre les morts, et voilà pourquoi il a le pouvoir de faire des miracles. » Car Hérode avait fait arrêter Jean, l'avait fait enchaîner et mettre en prison, à cause d'Hérodiade, la femme de son frère Philippe. En effet, Jean lui avait dit : « Tu n'as pas le droit de vivre avec elle. » Hérode cherchait à le mettre à mort, mais il eut peur de la foule qui le tenait pour un prophète.
Lorsque arriva l'anniversaire d'Hérode, la fille d'Hérodiade dansa devant tout le monde, et elle plut à Hérode. Aussi s'engagea-t-il par serment à lui donner tout ce qu'elle demanderait. Poussée par sa mère, elle dit : « Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean le Baptiste. » Le roi fut contrarié, mais à cause de son serment et des convives, il commanda de la lui donner. Il envoya décapiter Jean dans la prison. La tête de celui-ci fut apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui l'apporta à sa mère.
Les disciples de Jean arrivèrent pour prendre son corps, l'ensevelirent et allèrent en informer Jésus.

Mt 14,1-12

La mort de Jean-Baptiste

Quel mélange de beauté, de richesse, de pouvoir, et de sentiments sordides !

La jeune danseuse ne vit que pour plaire. Elle n'existe que dans le miroir et le désir des autres. Mais elle n'a rien dans la tête, s'en tient aux idées de sa mère et ne sait même pas quoi répondre quand Hérode lui offre un cadeau royal.

Hérodiade, au contraire, est une femme de tête, ambitieuse, tyrannique, et elle met son intelligence au service de sa haine; Elle ne supporte pas les critiques du Baptiste et veut sa mort, tout de suite, au risque de voir la foule se soulever pour défendre le prophète.
Quant à Hérode Antipas, en dépit de son habileté politique, c'est un faible, et finalement un personnage sans envergure. Il réagit d'abord sans aucune retenue au charme de la danseuse ; puis il se laisse aller à un serment inutile ; enfin, par fierté, il va jusqu'au bout du crime. En lui les puissances du mal se liguent pour abattre le prophète, sans défense au fond de son cachot : la passion, le pouvoir, la vie luxueuse, ces trois forces que dénonce saint Jean dans sa première épître parce qu'elles détournent l'homme de Dieu :"Car tout ce qui est dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux (le pouvoir sans frein) et l'orgueil de la richesse – vient non pas du Père, mais du monde". Et saint Jean ajoute :"Or le monde passe, avec ses convoitises, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement".

Apparemment le mal a triomphé, mais le souvenir du Baptiste va hanter le roi, comme le montre le début de notre Évangile d'aujourd'hui :"Hérode apprit la renommée de Jésus et dit à ses serviteurs : Cet homme, c'est Jean-Baptiste. Il est ressuscité d'entre les morts, et voilà pourquoi il a le pouvoir de faire des miracles".

Ce qu'Hérode ne sait pas, c'est que le rayonnement de Jésus va dépasser encore celui du Baptiste. Prévenu aussitôt, Jésus de Nazareth va continuer de plus belle l'annonce du Royaume, sans se laisser intimider par celui qu'il appelle le "renard".
Jésus aura, lui aussi, désormais dans la mémoire la mort héroïque et cachée du Précurseur quand il annoncera sa propre passion. Toutefois il sait, et il dit, qu'il ne mourra pas de la main d'Hérode Antipas, ni même sur ses terres de Galilée et de Pérée, mais bien dans la ville sainte, à Jérusalem.

On ne choisit pas sa mort.

Le Baptiste, vénéré par tout un peuple, a été assassiné en quelques minutes au fond d'un cachot pour le caprice d'un roi, pour la haine d'une femme.
Mais il avait choisi sa vie. Il voulait être seulement l'ami de l'Époux, efficace et discret ; il voulait n'être qu'une voix, au service d'un message de vie. Il avait été la lumière, le flambeau que l'on suit dans la nuit avec joie.
Maintenant il s'efface tout à fait, jusqu'à la mort ; et cela aussi était son projet spirituel :"Il faut que lui grandisse, et que moi je décroisse". Mais il avait connu la plus grande joie que l'on puisse vivre sur terre : il avait reçu le témoignage de Jésus :
"Jean est un prophète, et plus qu'un prophète.
Parmi les enfants des hommes, nul n'est plus grand que Jean le Baptiste !"

Pour trouver le sens de son martyre, il lui fallait regarder jusqu'au Christ, devant qui il voulait s'effacer ; pour trouver le sens de notre mort, il nous faudra attendre d'être auprès du même Christ, qui éclairera notre mort par la sienne et notre vie nouvelle par sa Résurrection. C'est le Christ qui valorise tous les jours nos humbles joies communautaires, et notre volonté de construire à sa gloire une communauté fraternelle et priante. Finalement, la mort du Baptiste nous laisse devant le mystère des choix de Dieu, mais nous savons que Dieu choisit toujours la vie, par des chemins connus de lui seul. Et c'est pourquoi nous devons vivre heureux, car notre Dieu aime ceux qui donnent avec joie.

Père Jean

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