Reconnaître et acquérir l'Esprit Saint de Dieu

12 Décembre 2010 , Rédigé par csvp Publié dans #Spiritualité

Les disciples interrogèrent Jésus : « Pourquoi donc les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d'abord ? » Jésus leur répondit : « Élie va venir pour remettre tout en place. Mais, je vous le déclare : Élie est déjà venu ; au lieu de le reconnaître, ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu. Le Fils de l'homme, lui aussi, va souffrir par eux. »
Alors les disciples comprirent qu'il leur parlait de Jean le Baptiste.

 

 Mt 17,10-13  

                                                Élie est déjà venu

 

  

Lorsque les Juifs, au temps de Jésus, évoquaient la venue du Messie et cherchaient à en repérer les signes, un texte de Malachie leur venait immédiatement à la mémoire :

                        "Voici que j'envoie mon prophète Élie, dit le Seigneur,

                        avant que ne vienne le Jour [..] du Seigneur.

                        Et il retournera le cœur des pères vers le cœur des fils,

                        Et le cœur des fils vers le cœur des pères". (Mal 4,5)

Et les adversaires de Jésus tiraient argument d'un texte comme celui-là pour contester sa messianité : puisque Élie n'est pas encore revenu, ce Jésus ne peut se prétendre le Messie d'Israël ! Dans le dessein de Dieu, Élie doit venir d'abord , pour mettre tout en ordre en Israël afin que la venue du Messie se réalise dans l'allégresse d'un peuple purifié !

 

La réponse de Jésus est étrange :"Je vous dis qu'Élie est déjà venu", et cette affirmation de Jésus a de quoi inquiéter les scribes; Si Élie est déjà venu, alors la grande mise en ordre a déjà eu lieu ; comment se fait-il, alors, qu'ils ne l'aient pas repérée, eux, les guides d'Israël ? Comment se fait-il que ce passage d'Élie n'ait pas été plus marquant ? Autre conclusion, plus grave encore aux yeux des scribes : si Élie est venu, c'est donc que le Messie va venir, ou qu'il est déjà présent au sein de son peuple …, mais alors Jésus pourrait avoir raison !

 

Et de fait, quelqu'un, en plein pays d'Israël, est venu accomplir la mission d'Élie, celui dont l'Ange avait dit à Zacharie, son père :"Il marchera devant le Seigneur avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé" (Lc 1,17). C'est celui qui a prêché, dans le désert, la conversion et le retour à Dieu, celui qui a voulu aplanir la route pour le Seigneur, qui a annoncé la fin des temps, et un "plus fort" qui allait venir après lui.

 

Jean le Baptiste a fait l'œuvre d'Élie , mais ses frères juifs ne l'ont pas reconnu "et ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu". Certes c'est Hérode qui l'a fait mettre à mort, mais en réalité, beaucoup l'ont rejeté : tous ceux qui n'ont pas répondu à son appel. Ainsi, en une phrase, Jésus dévoile le rôle de Jean-Baptiste dans le plan du salut ; jusque dans sa mort il a préparé la voie au Messie, en effet, Jésus ajoute :"De même le Fils de l'homme aura à souffrir par eux." Pour le Baptiste et Jésus, ce sera la même incompréhension, la même haine et l'élimination brutale.

                                                           *

Le drame, pour les guides c'est de n'avoir pas su reconnaître les signes du temps, les signes que Dieu  faisait à son peuple dans l'histoire. Et c'est bien cette tentation qui nous guette.

Nous n'avons pas à attendre la première venue du Messie, car nous savons qu'il est mort une fois pour toutes et ressuscité une fois pour toutes ; mais nous avons à reconnaître les signes de sa présence. Or souvent l'impression nous vient que Jésus est absent ou pas encore présent, dans l'histoire du monde qui va cahotant , dans l'histoire de nos communautés, qui parfois perdent pied ou perdent cœur, en s'imaginant que les épreuves vont dépasser leurs forces, c'est-à-dire la force de Jésus, dans l'histoire personnelle, qui voit souvent notre amour s'affadir. Nous reprochons presque à Jésus de nous avoir donné ce que nous sommes venus chercher, la solitude avec le Christ pour le salut du monde, la croix de la prière et d'une mission universelle.

"Seigneur, si tu avais été là …". C'est la plainte de Marthe, puis celle de Marie. Si tu avais été là, tout se serait passé autrement. En fait Jésus est là, et son Esprit nous prépare chaque jour à l'accueillir. L'Esprit, autour de nous, en nous, veut faire toutes choses nouvelles ; comme un ferment déjà là, déjà venu, déjà agissant, il transforme le monde, il recrée les cœurs, il modèle le visage des communautés. L'Esprit est là, qui à la fois, achève en nous le mûrissement de la parole de Dieu et nous prépare à toute la nouveauté de Jésus, à tout l'inattendu de la volonté du Père.

 

Mais de même que les contemporains du Baptiste n'ont pas su nommer Élie le précurseur dans l'immense mouvement de conversion qui leur était proposé, de même nous ne savons pas nommer l'Esprit continuateur de l'œuvre de Jésus dans l'effort de rajeunissement auquel l'Église est contrainte, dans la nouvelle insécurité de la vie religieuse, dans l'exigence de charité héroïque qui s'inscrit dans la grisaille de nos journées.

 

Jésus est venu dans notre chair : il n'a plus besoin de précurseur ; mais il nous demande d'accueillir le Paraclet, celui qui vient en nous achever son œuvre, celui qui nous mène vers la vérité tout entière.

Père Jean

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